PREMIER MARIAGE SANS PRETRE À BOMBON EN 1906
La Mairie en 1906, cliché édité par Limas et Pauly Idoine
Je possède 6 pages manuscrites du résumé du premier mariage civil à la mairie de Bombon daté au 8 février 1906 entre Monsieur Eugène TABOULET, fils de l'honorable Monsieur TABOULET, conseiller municipal et président de la Société de secours mutuels, avec Mademoiselle Fernande LEGRAS, fille de Monsieur LEGRAS, cantonnier à Bombon.
Monsieur POULIGNY, maire de Bombon et sincère démocrate, présidait pour la première fois une cérémonie de mariage purement civil....
6 pages remplies de délicatesses... ainsi Julien BRANDIN vint donner un bouquet de fleurs aux jeunes mariés... puis suit l'allocution de Monsieur Christophe PERROT qui souligne que ce fut la première fois qu'il fut donné aux habitants de Bombon d'assister chez eux à un mariage civil.... la religion en prend pour son grade...
Je suis prêt à vous vendre ce document assez exceptionnel.
Dans l'attente de votre réponse recevez mes salutations méridionales et ardéchoises
Les signataires: les époux, les parents, les témoins: Justin Taboulet, Paul Cossu, Émile Romaska, Georges Lesieur, E.Siméon et le Maire Pouligny.
Mariage civil – Jeudi dernier, à la mairie de Bombon, a eu lieu le mariage de M. Eugène Taboulet, fils de l’honorable M. Victor Taboulet, conseiller municipal de ladite commune et président de la société de secours mutuels avec Mlle Fernande Legras, fille de M Legras, cantonnier à Bombon.
Notre nouveau maire, M. Pouligny, sincère démocrate, présidait pour la première fois une cérémonie de mariage purement civil.
Et cette cérémonie fut belle parce qu’elle consacrait l’union de deux coeurs et parce qu’elle était un acte de libération des consciences.
Cependant si elle réjouit les hommes intelligents, elle eut le don d’exciter les recriminations des esprits arrièrés qui ne manquèrent pas de faire entendre leurs doléances et leurs tristesses. Qu’importe ! Ce ne sont pas les paroles plus ou moins bienveillantes qui empêchent de vivre les idées de raison.
Ausitôt la cérémonie de mariage terminée, plusieurs jeunes gens sont entrés à la mairie. Julien Brandin s’est détaché d’eux et est allé offrir un superbe bouquet aux jeunes mariés qui furent très touchés de cette manifestation de sympathie qui fut une surprise pour eux. Plus M. Christophe Perrot s’étant avancé, prononça l’allocution suivante, au milieu du silence général.
Madame, Monsieur,
Par vous, notre chère commune vient de recevoir un noble enseignement et un grand exemple. C’est en effet la première fois qu’il est donné aux habitants de Bombon d’assister chez eux à un marriage civil. C’est à dire débarassé de tout appareil confessionnel et religieux. Jadis, la religion était associée aux moindres actes des hommes, elle pesait d’un poids énorme sur l’humanité dont elle étouffait l’intelligence sous ses enseignements, ses formalités, son autorité, la terreur qu’elle répandait pour assoir sa domination. L’homme n’était rien, sa personnalité était le jouet de la divinité et de ses prêtres. Mais petit à petit, la science a grandi, elle a rehabilité l’homme. Elle en a fait une personnalité intelligente,elle lui a révélé la science et la liberté, elle l’a libéré de l’esclavage. Au fur et à mesure de ses progrés, la science a fait reculer les religions, a montré leur vanité, a dissipé leur atmosphère de tyranie où se courbait l’humanité tremblante. Encore aujourd’hui, cependant, la religion est trop associée aux actes des hommes. L’humanité n’a ni la foi, ni la croyance dans la religion, elle conserve encore des habitudes qu’elle ne prend pas la peine de secouer et au cours desquelles elle s’abandonne.
Trop souvent encore l’enfant est baptisé sans que les parents croient à la vertu du baptême et fait sa première communion; trop souvent les jeunes mariés s’unissent devant le prêtre sans croire à ce que dit le prêtre, et en tournant plutôt la cérémonie en dérision et en la traitant de corvée. Mais de tous ces actes, encore une fois la croyance est absente.
Honneur à vous Madame et Monsieur d’avoir secoué la religion à laquelle vous ne croyez pas et les habitudes religieuses auxquelles vous ne croyez pas davantage.
Honneur à vous d’avoir dans un moment aussi grave et solennel, été loyaux, francs avec vous-mêmes, d’avoir obéi à votre conscience, d’avoir éloigné de vous le mensonge. Et ainsi l’acte que vous avez accompli vous honore et vous grandit. Vous avez compris que pour s’aimer et s’estimer mutuellement point n’était besoin de dogme, de prêtre, de religion. Vous avez refusé ces gestes que ponctuent des mots latins que vous ne comprenez pas. Vos claires consciences n’ont voulu dans ce jour solennel que la clarté autour de vous, comme dans vos coeurs. Vous avez compris que vos sentiments étaient au-dessus des formalités futiles et menteuses, que pour vous jurer amour et fidélité dans l’amour( …) Vous avez compris que pour fonder cette oeuvre admirable et touchante entre toutes qu’est une famille, vous n’aviez pas besoin de l’intrusion d’un étranger à qui sa religion commande de mépriser l’amour et de fuir le mariage.
Madame, Monsieur,
Laissez-nous vous féliciter bien sincérement de votre acte de courage, d’émancipation, de franchise, d’honnéteté. Laissez-nous vous remercier du bel exemple que vous venez de nous donner. Libres et indépendants, beaux et rayonnants de votre indépendance et de votre amour, vous entrez vaillament, la main dans la main, dans cette carrière du mariage, où vous accompagnent les voeux les plus chers de tous, de vos parents, des habitants de cette commune.
Vous serez heureux parce que vous méritez de l’être.
Aussitôt une salve d’applaudissements retentit dans la salle de la mairie, au cri de Vive la République! Puis tout le monde descendit et c’est alors que nous nous sommes mis à faire partir des pétards tout le long du chemin pour terminer cette fête.
Comme recompense les jeunes mariés nous ont offert un vin d’honneur et ont fait une quête parmi tous les “noceux” au profit des jeunes gens qui étaient allés leur présenter leur hommage.